Une plaque tournante entre orient et occident

Etant jusqu’au 1er juillet 1997 une colonie anglaise, Hong-Kong est une ville (ou plutôt un territoire, car Hong-Kong est en réalité une succession de ville sur un territoire de 1000 km² dont 80% sont inhabitables, montagnes obligent) qui se développa rapidement en raison de sa position stratégique intéressante, en tant que plaque tournante entre occident et orient.

Développement initial

A l’origine, Hong-Kong se développa rapidement autour d’une activité textile dans les années 1960. Mais, manque de place et hausse de salaires obligent, Hong-Kong monta rapidement en gamme et développa des activités où la demande en main d’œuvre est importante, mais où la demande en espace disponible et en ressources naturelles sont très faibles. En clair, Hong-Kong développa des activités répondant à ses contraintes bien spécifiques, autour d’industries comme l’informatique, l’optique, les télécommunications, et les activités à moindre valeur ajoutée furent largement sous-traitée auprès d’entreprises de Chine continentale, toute près (c’est Hong-Kong qui a permis l’essor de Shenzhen, un village de pêcheur situé à proximité devenu une mégalopole moderne en quelques années). Il faut dire que la Chine, avec son réservoir de main d’œuvre quasiment illimitée et son espace disponible important était hors-compétition face à Hong-Kong à ce niveau là.

Une ville qui monte en gamme

Hong-Kong se spécialise rapidement dans la finance, l’industrie de pointe, le tourisme et la logistique. Hong-Kong est d’ailleurs la troisième place financière du monde, derrière Londres et New York…

Malgré la concurrence effrénée des autres ports Chinois – Shanghai, Tianjin… – Hong-Kong demeure le deuxième port Chinois pour son activité de conteneurs, et la ville importe chaque année 400 milliards de dollars de marchandise et en rééexporte la majeure partie. Pour vous faire une idée, c’est comme si chaque habitant importait tous les mois 4 000€ de marchandises. C’est 6 fois plus qu’en France – on n’importe « que » 600 euros par mois et par habitant – ou 10 fois plus qu’aux USA – import de 400 euros de marchandise par mois et par habitants.

Hong-Kong depuis sa rétrocession à la Chine

Grande crainte de la fin des années 1997 : la peur que la rétrocession de Hong-Kong, bastion de capitalisme à la Chine communiste signe un arrêt de mort à la ville. Heureusement, Deng Xiaoping, connu pour son très grand pragmatisme – il disait déjà « Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, s’il attrape la souris, c’est un bon chat » – et son aptitude à réformer le communisme, à l’origine du plus grand développement économique de l’histoire de l’Homme – celui de la Chine depuis 1980 – a adopté un principe « un pays, deux systèmes ». En gros, Hong-Kong pourra, au moins jusqu’en 2047, conserver son propre système politique, sa propre monnaie, son propre système économique, son sens de conduite (à gauche) et sa politique d’immigration. Bref, la Chine a laissé à Hong-Kong la possibilité de garder son mode de vie et son système de fonctionnement durant 50 ans, le temps de s’adapter à la nouvelle donne.

Une ville très libérale

Hong-Kong est donc une ville très libérale, où l’état intervient très peu. Peu de prestations sociales, pas de salaire minimum, pas de contrôle des prix, liberté d’entreprendre et taxes sur les sociétés minimales.

Hong-Kong est devenu rapidement une ville très prospère, avec un taux de croissance impressionnant : Le PIB de la ville a été multiplié par 180 entre 1961 et 1997 (et son Pib par habitant multiplié par 87…). Son PIB par habitant (en parité pouvoir d’achat) est le 6ème le plus élevé du monde : 38 000 euros par habitants et par an. Pour l’information, la Suisse, pas réputée pour son dénuement, n’est qu’à 34 000 euros et la France, 27 000 euros.

Le corollaire de cette réussite économique et le niveau très important des inégalités. Hong-Kong est l’un des « pays » développé les plus inégalitaires au monde. En 2011, un SMIC fut mis en place, une mesure très critiquée – par les patrons comme de nombreux employés – alors même que le SMIC local n’est que de 28 dollars de l’heure, soit 2,8 euros de l’heure.

Un coût de la vie variable

Avec un salaire de 28 dollars de l’heure, les locaux doivent avoir un mal fou de joindre les deux bouts. En effet, il faut savoir que si le coût de la vie de tous les jours est plutôt faible à Hong-Kong, certains postes de dépenses peuvent être conséquents. Etat des lieux :

Immobilier

La totalité du territoire de Hong-Kong appartient au gouvernement, les propriétaires louant au gouvernement l’emplacement de leur immeuble pour une durée déterminée – 50 ans, 99 ans ou 999 ans. Entre les parcs naturels et les zones montagneuses, seulement 20% du territoire de Hong-Kong est constructible, ce qui revient à entasser 7 millions d’habitants dans Paris intra-muros.

Conséquence : l’immobilier flambe, et coûte 2 à 3 fois plus cher qu’à Paris intra-muros. Compter 500 à 1500 euros pour la location d’un studio (source : http://www.mfe.org/index.php/Portails-Pays/Chine-Hong-Kong/Vie-pratique/Logement). Sachant qu’au SMIC, un travailleur gagne 560 euros par mois en travaillant 50 heures par semaine, je vous laisse faire le calcul.

Coût de la vie au quotidien

En dehors du coût de l’immobilier, le coût de la vie est plutôt faible à Hong-Kong, en raison, je pense, d’une forte immigration chinoise qui maintiennent les salaires des travailleurs non-qualifiés bas donc un coût de la vie bas. Voici quelques exemples de prix constaté à Hong-Kong :
– Ticket de métro : 4 à 26 dollars (0,4 à 2,6€) quelle que soit la distance
– Menu Big Mac : 20 à 28 dollars (2 à 2,8€), 2,5 fois moins cher qu’en France
– Une heure de massage des pieds : 100 dollars (10€), 7 fois moins cher qu’en France

Synthèse

Hong-Kong est l’une des villes les plus prospères du monde : PIB par habitant 40% supérieur à la France (15% supérieur à la Suisse), 3ème place financière et 9ème port mondial (pour une ville grande comme 2 fois Paris intra-muros, il faut le rappeler).

Mais la ville est très libérale et cela se fait au creusement d’inégalités très fortes, notamment au niveau des prix immobiliers qui demeurent inaccessibles au plus grand nombre et de bas salaire, maintenus en raison d’un SMIC très faible (et jusqu’en 2011 : pas de SMIC) et une forte immigration (quoique de plus en plus contrôlée) Chinoise. Bilan : En 2007, 20% des Hong-Kongais gagnaient 300 euros par mois ou moins, et les plus pauvres d’entre eux vivent parfois entassés dans des maisons cages, avec des logements de 2 ou 3m² grillagés qu’ils louent autour de 150 euros par mois… Avec parfois 20 personnes entassées dans un logement de 60m²…

Hong-Kong est donc à la fois la ville où il y a le plus de Rolls Royce dans le monde (par rapport au nombre d’habitants) mais où la misère crasse à l’autre bout de la chaîne est extrême. Un peu comme dans le reste de la Chine – dans l’immeuble où j’habite, il y a 3 niveaux de sous-sols (dont deux sans fenêtre) – qui étaient à l’origine des abris anti-atomiques, et reconvertis en logements pour les plus pauvres.